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Dutty Boukman / Zamba Boukman

https://fr.wikipedia.org/wiki/Dutty_Boukman


Né en Jamaïque. Esclave du Turpin habitant dans la plaine du nord de Saint-Domingue,

houngan, c'est-à-dire un prêtre de la religion vaudou.


Dans la nuit du 14 août 1791, à Bois-Caiman, un lieu reculé de Lenormand de Mézy, il organisa une cérémonie vaudou pour un grand nombre d'esclaves.

Les esclaves de cinq habitations tuent les maîtres et leurs familles et incendient les bâtiments.


Une nouvelle étude du chercheur haïtien Rodney Salnave a démontré que Boukman n'était peut-être pas originaire de la Jamaïque comme l'on a pensé préalablement, étant donné que des annonces de fugitifs révèlent beaucoup d'autres esclaves d'origines diverses portant le nom de Boukman dans la colonie de Saint Domingue.


Et finalement, Boukman n'était pas le chef de l'armée révolutionnaire, et il n'était même pas musulman, comme on aime le dire.


http://bwakayiman.blogspot.com/2016/10/boukman-ne-sappelait-pas-zamba.html


Auteur : Rodney Salnave

Fonction : Dougan (Scribe)

Date : 13 octobre 2016

(Mise à jour: 1 fév. 2018)


Il est impossible de prendre au sérieux "Zamba" comme prénom de Boukman, car la publication du prêtre l'annonçant, au point de vue historique, n'est qu'un torchon :



Insurrection de 1791: En novembre 1791, les classes d'élèves vaquèrent, faute d'élèves. Pendant la nuit, on entendait ces mots incompris des blancs, chantés alternativement par une ou plusieurs voix.


a) Le texte prétend que la "guerre" fut déclarée en novembre 1791, alors qu'en réalité, la "guerre" éclata en août ; trois mois auparavant.

b) Puis, en usant de l'expression "roi de la secte des Vaudoux", associée à "mouchoir rouge en guise de diadème", l'auteur révèle que la source de ses emprunts est le texte de Moreau de Saint-Méry daté de 1798, soit 7 ans après l'insurrection générale et la mort de Boukman :



"Le Roi Vaudoux a des mouchoirs plus beaux et en plus grande quantité, et est tout rouge et qui cient son front, est son diadême. Un cordon communément bleu, archève de marquer son éclatante dignité.

La Reine vêtue avec un luxe simple, montre aussi sa prédilection pour la couleur rouge, qui est le plus souvent celle de son cordon ou de sa ceinture." (4)

a) Le texte prétend que la "guerre" fut déclarée en novembre 1791, alors qu'en réalité, la "guerre" éclata en août ; trois mois auparavant.

+1) :

8, soit 7 ans après l'insurrection générale et la mort de Boukman


c) L'auteur se discrédita d'avantage en faisant également usage de la phrase : "agitant les grelots dont était garnie une boîte renfermant une couleuvre"

d) Le texte de Jean Marie Jan proclama que l'attaque de Boukman du Cap a avoir eu lieu le 22 novembre (1791) :

Le roi de la secte des Vaudoux venait de déclarer la guerre aux colons, et le front ceint d'un mouchoir rouge en guise de diadème, accompagné de la reine de la secte revêtue d'une écharpe de même couleur.


Déjà mort depuis le début à la mi-novembre, tué à l'Acul du Nord. Boukman, n'avais jamais attaqué, sa tête décorant la place publique du Cap.

c) L'auteur se discrédita d'avantage en faisant également usage de la phrase : "agitant les grelots dont était garnie une boîte renfermant une couleuvre"


e) L'auteur catholique, tenta d'apporter un semblant de crédibilité à sa falsification, en y introduisant "le Zamba", non pas comme prénom de Boukman, mais plutôt comme ce qu'il croyait être son titre liturgique :

"Au milieu des révoltés se trouvait le Zamba Boukman, les excitant à l'assaut de la caserne et du couvent qui contenaient bon nombre de jeunes filles et des colons."

f) L'auteur n'a pas lésiné sur les clichés traditionnels pouvant l'aider à authentifier son faux document. Et les écrits coloniaux de Moreau de Saint-Méry lui offrirent un chant cliché attribué aux adeptes du culte traditionnel :

"Les régentes des classes remarquaient bien une certaine agitation dans le coeur des négresses, agitation qui augmentait surtout après la ronde qu'elles avaient adoptée à l'exclusion de toute autre : Eh eh, Bomba. Eh eh... Canga bafio te — Canga mousse dé lé. Canga do ki la. Canga li".


Malheureusement, ce ne furent guère les étudiantes des Dames Religieuses du Cap, mais Moreau de Saint Méry, le premier a publié ce chant sacré en 1798 :

"Le frappant ensuite légèrement à la tête avec une petite palette de bois, il entonne un chanson africain, (*) que répètent en choeur ceux qui environnent le cercle ; alors le récipiendaire se met à trembler et à danser... 

(...)

(*) Eh ! eh ! Bomba, hen ! hen !

     Canga bafio té

     Canga moune dé lé

     Canga do ki la

     Canga li."


Pareillement, quoiqu'il n'en prit pas crédit, contrairement à Jean Marie Jan, le Français Gustave d'Alaux n'a pu s'empêcher de reproduire ce chant colonial, comme on peut le voir, à la couverture de la partie de son texte de 1850 ayant servi de source à Jean Marie Jan :



g) L'auteur, Jean Marie Jan, n'ayant pas froid aux yeux, fit usage de l'ensemble des phrases célèbres flottant dans la littérature pour justifier son récit dont le but est de dénigrer la révolution haïtienne et les pratiques ancestrales à sa base. Pour atteindre son but, il plaça dans la bouche de Boukman, la phrase célèbre "couté la liberté, li parlé coeur nous tous", non pas au Morne Rouge, mais durant l'attaque du Cap que Boukman n'a jamais entreprise :


Mais on a bien reconnu "Couté la liberté, li parlé coeur nous tous", la dernière ligne du poème célèbre d'Hérard-Dumesle publié en 1824, non pas en 1791, mieux connu sur le nom de "Serment de Boukman" ou "Prière de Boukman" :


Bondié qui fait soleil, qui clairé nous en haut,

Qui soulevé la mer, qui fait grondé l’orage,

Bon dié la, zot tandé? caché dans youn nuage,

Et la li gadé nous, li vouai tout ça blancs faits !

Bon dié blancs mandé crime, et part nous vlé bienfaits

mais dié là qui si bon, ordonnin nous vengeance ;

Li va conduit bras nous, la ba nous assistance,

Jetté portrait dié blancs qui soif dlo dans gié nous,

Couté la liberté li palé coeurs nous toùs.


Nous avons disqualifié, dans un article précédent, ce "Serment de Boukman" ou "Prière de Boukman" sur la base de son Créole qui est non conforme à celui parlé dans le Nord de Saint Domingue en 1791. Ce même argument disqualifie tout autant "Zamba", titre mal prononcé par l'auteur, que plusieurs ont détourné en prénom de Boukman. Car, pour être conforme à la forme possessive du Nord, "Couté la liberté, li palé coeurs nous tous" devrait être "Couté la liberté, li palé dans coeurs à nous tous". Par exemple, tout Haïtien connaît le chant révolutionnaire :

Grenadye alaso sa ki mouri zafè ra yo.

Nanpren manman. Nanpren papa.

Sa ki mouri, zafé ra yo.


Traduction :

Grenadiers, à l'assaut! Ceux qui meurent, c'est leur affaire.

Il n'y a point de mère. Il n'y a point de père.

Ceux qui meurent, c'est leur affaire.


Grace à "ra" ou "à" qui est une forme possessive conforme au Créole du Nord, nous ne pouvons disqualifier ce chant révolutionnaire. D'autant plus que le récit d'un témoin oculaire permet de l'authentifier. (15) Mais Jean Marie Jan n'a fait usage de ni "ra", ni "a", le marqueur de possession approprié dans ce contexte, signifiant que grammaticalement, son récit est faux. D'ailleurs, tous les écritures de l'époque tiennent compte de cette forme possessive ayant eu cours dans la colonie. Mais pourtant, aucun texte d'historiens haïtiens fait état de ces marqueurs. Car, il s'agit de spéculations de petits intellectuels de pacotille, ignorant tout de l'univers linguistique haïtien qui les entoure.

h) Dans ce dernier extrait, l'audace de Jean Marie Jan se révéla sans borne. Motivé par l'intolérance religieuse, l'auteur catholique révisionniste, osa même introduire la Princesse Améthiste, fille du Roi Henry (Christophe) et de la Reine Marie-Louise, comme une mulâtresse, alors que nul de ses deux parents sont blancs ; puis il plaça la Princesse à la tête de la bande de fanatique dénudée menaçant le Cap :


"Princesse Améthyste : Une ancienne élève, des plus intelligentes, appartenant à la classe de mulâtres, devenue plus tard le chef d'une compagnie d'Amazones, et connue dans l'histoire sous le nom de Princesse Améthyste, initiée à la secte des Ghioux ou Vaudoux, sorte de maçonnerie religieuse et dansante, introduite par les nègres Aradas à Saint-Domingue, entraîna dans la secte bon nombre de ses compagnes."


Mais voilà que, d'après l'Almanach Royale, la Princesse Améthiste n'était même pas née en 1791. Elle vint au monde que 7 ans plus tard, le 9 mai 1798. Et ses parents, les futures Roi et Reine, n'étaient même pas encore mariés en 1791. Ils le seront qu'en 1793. D'ailleurs, née en 1778, la Reine Marie-Louise, la mère de la Princesse Améthiste, n'était âgée que de 13 ans en 1791; prouvant ainsi l'absurdité de cette révision catholique et la médiocrité des historiens haïtiens, dont Jean Fouchard, ayant laissés passer cette rigolade historique :



 "DE LA FAMILLE ROYALE.

SA Majesté HENRY, Roi d'Hayti, né le 6 Octobre 1767, sacré et couronné au Cap-Henry, le 2 Juin 1811, marié le 15 Juillet 1793, à

Sa Majesté MARIE-LOUISE, Reine d'Hayti, née le 8 Mai 1778, sacrée et couronnée au Cap-Henry, le 2 Juin, 1811. Du mariage de leurs Majestés : S. A. R. Monseigneur JACQUES-VICTOR-HENRY, né le 3 Mars 1804, Prince Royal d'Hayti. S. A. R. Madame FRANÇOISE-AMÉTHISTE-HENRY, Madame Première, née le 9 Mai 1798. S. A. R. Madame ANNE-ATHÉNAÏRE-HENRY, née le 7 Juillet 1800."


Voici un portrait de la princesse Améthiste (au centre), daté fort probablement de 1815, date à laquelle le portrait de son père, le Roi Henry, fut effectué par Richard Evans, le peintre de la Couronne. Née en 1798, la princesse Améthiste était âgée de 17 ans en 1815. Sa soeur cadette, la princesse Athénaïre avait 15 ans et le prince Victor en avait 11. Est-ce là le portrait d'une jeune fille qui bondirait d'une salle de classe pour s'exhiber, demi-nue, dans les rues du Cap, en chantant des obscénités?



(La Princesse Améthiste et son frère et soeur)

Source : Portrait (non certifié) par Richard Evans en 1815. ; Alexander Gallery, New York.


Bien sur que non. D'ailleurs, la Princesse Améthiste n'a jamais étudié dans la ville du Cap. Elle et sa soeur recevaient leurs cours, dispensés par 2 tutrices américaines, directement dans leur palais royal à Sans Soucy (Milot). Et même après la chute du Royaume, la Princesse Améthiste fut reconnue, par ses tutrices retournées à Philadelphie, non pas comme une dépravée, comme le propagent les historiens incompétents, négligents ou malhonnêtes, mais comme une jeune femme polie ayant bien progressée en classe. (18) Au vu d'un tel manque de vraisemblance historique, "Zamba" ne saurait être pris comme le prénom de Boukman. D'ailleurs, Jean Marie Jan, n'avait pas même envisagé cette possibilité. Car ce prénom comme un autre n'avançerait pas sa cause autant que d'authentifier Boukman comme "Sanmba" (faussement Zamba), un titre religieux traditionnel. Et aussitôt fait, il pourra se servir de ce titre afin de mieux ridiculiser la civilisation ancestrale que Boukman représenta et pour laquelle il s'est battu, et a vaillamment donné sa vie face à l'oppression occidentale et chrétienne dont Jean Marie Jan fut le fier représentant.


* En 1953, Jean Fouchard a publié Les Marrons du Syllabaire (19), un livre a succès dans lequel, comme nous l'avons dit, il a exagéré l'importance des captifs islamisés dans l'ancienne colonie de Saint Domingue (Haïti). Quelques années plus tard, Gerson Alexis (20), ayant lu un rapport de terrain du prêtre Carl E. Peters (21) à Balan (Nord d'Haïti), inspiré par le texte pro-musulman de Fouchard (pure spéculation de notre part, vu le peu de références dans les écrits de Gerson Alexis), s'est rendu sur place pour prouver l'islamité des gens de Balan, en dépit des nombreuses pratiques syncrétiques (religion traditionnelle-catholicisme) des locaux catégoriquement opposées à la doctrine islamique. Et, quelques décennies après, le Français Gérard Barthélémy (22) a utilisé les écrits de Gerson Alexis comme tremplin afin de forger la falsification islamique de la cérémonie du Bois Caïman.

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