https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Mackandal
François Mackandal, Macandal ou Makandal (en créole haïtien : Franswa Makandal), mort à Cap-Français (actuel Cap-Haïtien) le 20 janvier 1758, est un esclave marron, meneur de plusieurs rébellions dans le nord-ouest de l'île de Saint-Domingue.
C'était un « bossale » (un esclave originaire d'Afrique), parfois décrit comme un prêtre vaudou ou houngan. Accusé de « séduction, profanation et empoisonnement »1 par l'autorité coloniale française, il est condamné à mort par un arrêt du 20 janvier 1758 et livré le jour-même au bûcher. Son personnage, sur lequel continuent à planer bien des mystères, a donné lieu à des légendes.
De nos jours, Mackandal est le plus souvent considéré comme un symbole de la lutte noire anti-esclavagiste, et comme l'un des précurseurs de la Révolution haïtienne de 1791.
François Mackandal était originaire de l'Empire kongo selon les anthropologues américains Mark Davis2 et Wyatt Mac Gaffey3. D'autres historiens soutiennent la même thèse selon laquelle Mackandal était kongo, tels que les professeurs spécialistes en études afro-américaines de l'université de Boston, Linda Heywood et John Thornton et David Patrick Geggus de l'université de Floride.[réf. nécessaire] Si l'on en croit certaines sources, il était musulman4, ce qui a conduit certains historiens à émettre l'hypothèse qu'il pouvait être né au Sénégal, au Mali ou en Guinée5, bien que le manque d'informations biographiques dont on dispose pour cette période ne puisse permettre de rien affirmer de façon certaine à ce sujet. Il est probablement capturé lors d'une razzia et, embarqué vers les Amériques, il arrive dans la colonie française de Saint-Domingue.
Selon Moreau de Saint-Méry, qui écrit trente ans après les faits, Mackandal devient esclave sur une propriété de Le Normant de Mézy6 au Limbé. Après avoir perdu l'une de ses mains, prise dans un moulin à cannes, Mackandal aurait été chargé de garder les animaux7. Selon un récit de la même époque, mais un peu trop lyrique et dont l'authenticité de ce qu'il relate est, du fait, sujette à caution, Mackandal se serait ensuite enfui après avoir suscité la jalousie de son maître en séduisant une jeune esclave noire dont le Blanc était également épris ; son rival aurait alors trouvé un prétexte pour le maltraiter. Face à cette injustice, il s'offre la liberté et commence à marronner8. Il serait alors resté insaisissable dix-huit ans durant9.
Durant cette période, Mackandal organise la révolte de ses semblables contre les maîtres blancs français. Si, selon certaines sources, Mackandal était à l'origine musulman, il est probable qu'il fut plutôt en relation avec le vaudou, étant donné la prédominance de cette religion sur l'île. Considéré comme un houngan, il se dit immortel et impressionne ses semblables haïtiens. Il prépare du poison à partir de plantes et le distribue aux esclaves afin que ces derniers le mélangent aux boissons ou aux aliments des Français. Il devient un chef charismatique et unit les bandes d'esclaves marrons. Il crée un réseau d'organisations secrètes dans les plantations. Contre celles-ci, il dirige plusieurs actions nocturnes d'esclaves, à la lueur des flambeaux, et ils tuent leurs propriétaires.
Trahi par l'un des siens, il est capturé. Jugé par le Conseil supérieur du Cap-Français – aujourd'hui Cap-Haïtien –, il est déclaré, le 20 janvier 1758, « düement atteint & convaincu de s'être rendu redoutable parmi les nègres et les avoir corrompus et séduits par des prestiges et fait se livrer à des impiétés et des prophanations auxquelles il se serait luy même livré en mélant des choses saintes dans la composition à l'usage de paquets prétendus magiques, et tendant à maléfices, qu'il faisait et vendait aux nègres, d'avoir en outre composé, vendu et distribué de ce poison de toutes espèces »1. Il est condamné à faire amende honorable10,1,11 et, après avoir été soumis à la question ordinaire et extraordinaire (la torture) afin qu'il nomme des complices – ce qu'il fera9 –, à être brûlé vif sur la place publique du Cap-Français1.
Alors qu'il se démène dans le brasier, le poteau auquel il est attaché cède, et Mackandal saute hors du bûcher et disparait d'un coup . Les esclaves s'écrient : « Macandal sauvé ! ».
Selon Moreau de Méry, Mackandal aurait inspiré chez les esclaves noirs eux-mêmes plus de terreur que d'admiration ; ainsi écrit-il que les Noirs – les « nègres » dans le texte – se mirent par la suite à appeler « macandals » les poisons et les empoisonneurs, et que ce nom était devenu « l'une des plus cruelles injures qu'ils puissent s'adresser entre eux »12.
L'exécution de Mackandal précède de trente-trois ans la Révolution haïtienne de 1791, première révolte d'esclaves noirs réussie, prélude à l'établissement, en 1804, d'Haïti en tant que première république noire libre du monde.
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