https://fr.wikipedia.org/wiki/Marronnage
Le marronnage était le nom donné à la fuite d'un esclave hors de la propriété de son maître en Amérique, aux Antilles ou dans les Mascareignes à l'époque coloniale. Le fuyard lui-même était appelé marron ou nègre marron, negmarron, voire cimarron (d'après le terme espagnol d'origine).
Le terme de « marron » vient de l’espagnol cimarrón : « vivant sur les cimes » ; (cima = cime) qui apparaît dès la conquête d’Hispaniola ; c’est un mot emprunté aux Arawaks et qui désigne des animaux qui, de domestiques, retournent à l'état sauvage comme le cochon. À partir de 1540, ce terme désigne les esclaves fugitifs et finira par désigner plus globalement celui qui retourne vers l’état de nature.
Les Marrons se réfugiaient généralement dans des lieux inaccessibles. À La Réunion, par exemple, ils fuyaient notamment dans les Hauts de l'île, dont ils furent les premiers habitants. À Maurice, ils se cachaient dans une montagne du sud-ouest de l'île, le Morne Brabant.
Les anciens esclaves Marrons qui se sont réfugiés loin dans les forêts (et montagnes) ont su sauvegarder et transmettre leurs modes de vie africains et même partiellement leurs langues d'origine.
Parfois, ils parvenaient à se regrouper en de véritables communautés clandestines organisées, comme les sociétés fondées par les Alukus et les Djukas au Suriname. Au Brésil, ces communautés étaient appelées mocambo, ou quilombo pour les plus importantes, et en Amérique hispanophone, palenque.
Certaines d'entre elles ont été très importantes par leur population et/ou leur durée, au point qu'on parle parfois de républiques d'esclaves marrons, comme pour le quilombo de Palmares au Brésil, ou de royaumes, comme celui du "roi" Cimendef à La Réunion ; de nombreux sites naturels des trois cirques de l'île portent d'ailleurs toujours le nom de Marrons. Ainsi, Anchaing a laissé son nom à un sommet de Salazie.
Les communautés qui ont perduré se trouvent :
au Brésil, comme le quilombo de Palmares,
au Guyana,
aux États-Unis, comme au Marronnage du Grand marais lugubre
au Suriname (les Djukas, Kwinti, Matawai, Paramaka et Saramaca),
en Guyane, les Noirs Marrons (ethnies Aluku (ou Boni), Saramaca, Paramaca et Djuka (ou Aukan)) y sont appelés génériquement Bushinengue, parlent la langue aluku, ndjuka et paramaka (nenge tongo),
en Colombie, comme Palenque de San Basilio, parlant son propre créole hispanique: le palenquero,
au Honduras,
marginalement à la Jamaïque,
au Mexique à "San Lorenzo de los Negros", devenue Yanga (Veracruz).
Elles habitent souvent sur les bords des fleuves qui constituent les seules voies de circulation en forêt profonde.
Au Brésil, la constitution garantit les droits des Communidades remanescente de quilombo, et plus de 2 000 de ces Communautés quilombolas ont aujourd'hui un statut officiel
Les premiers Marrons de Jamaïque furent les indiens Taïnos, rescapés du génocide pratiqué par les conquistadores espagnols lorsqu'ils s'emparèrent de l'île en 1494. Des 60 000 Taïnos qui y vivaient à l'époque, il ne resta plus cinquante ans plus tard que quelques centaines d'individus3. Une partie des Taïnos survivants s'enfuit et se cacha dans les montagnes. En Jamaïque, en 1738, les Marrons tiennent tête à des troupes britanniques. Nanny est une des personnalités d'envergure de la résistance jamaïcaine. Ils obtiennent un territoire encore aujourd'hui indépendant en contrepartie de leur collaboration avec le gouvernement. Certains vieillards descendant des Nègres marrons (Neg'Marrons) parlent encore d'anciens dialectes africains tel le coromanti. Les Marrons de Moore Town ont aussi conservé d'autres traditions comme la cérémonie du Kromanti Play et la médecine traditionnelle d'origine africaine. La symbolique des Neg'Marrons est très présente dans le reggae car elle véhicule, elle aussi, une image de rébellion.
Les Bushinengués sont estimés à plus de 70 000 en Guyane et à près de 120 000 au Suriname (où ils sont appelés Bosneger). Ils ne reconnaissent généralement pas la frontière entre le Suriname et la France. Ils sont les descendants d'esclaves noirs révoltés ou enfuis des plantations avant l'abolition de l'esclavage, ou d'esclaves libérés. Leurs ancêtres ont été capturés, puis vendus le long des côtes africaines aux négriers puis déportés aux Amériques pour servir de main-d'œuvre, essentiellement dans les plantations de canne à sucre et de café. D'abord réfugiés en forêt profonde pour éviter d'être repris, ils se sont ensuite installés sur les rives des grands fleuves, surtout sur le Maroni.
Les Bushinengués sont constitués de 6 groupes ethniques : les Alukus (ou Bonis), les Saramaca, les Paramacas, les Djukas, les Kwintis et les Matawais.
La culture marron fait encore vivre une partie des traditions des ancêtres africains : vocabulaire, peintures, danses, musiques, vie communautaire bien qu'ayant évolué différemment. Couleurs vives et formes géométriques symboliques et/ou décoratives caractérisent l'art Noir-Marron appelé art Tembé. On les trouve sur les portes, les pirogues, les sièges sculptés, les fresques et certains objets vendus aux touristes (sculptures, sièges pliants… présentant des formes originales qui diffèrent des sculptures africaines traditionnelles). L'accès à l'école reste parfois difficile, mais est mieux réalisé que pour les populations amérindiennes de la forêt. Il modifie la perception et les comportements des jeunes, comme le football, la télévision, la voiture, le téléphone portable, le quad qui deviennent objets d'intérêt éloignant les enfants de la culture de leurs parents.
Le développement du marronnage a rapidement amené les maîtres à engager des chasseurs d'esclaves.
Aux Antilles, ceux qui étaient rattrapés étaient châtiés par mutilation : leur tendon d'Achille était sectionné afin qu'ils ne puissent plus courir.
À La Réunion, ils étaient parfois tués lors de la chasse. Le chasseur ramenait alors au maître une oreille et une main du fuyard en guise de preuve de la réussite de sa chasse, le corps entier ne pouvant être transporté par un homme seul le long de sentiers escarpés. Ces prises étaient parfois exhibées à l'entrée des plantations pour dissuader d'éventuels nouveaux fuyards.
Selon un épisode célèbre de l'histoire de l'île Maurice, un important groupe d'esclaves n'hésita pas à se précipiter dans le vide du haut d'un rocher élevé (le Morne Brabant dans le sud de l'île) lorsqu'ils se retrouvèrent acculés au bord d'une falaise par des hommes qu'ils prenaient pour des chasseurs. Ils n'étaient en fait que des messagers chargés de leur annoncer l'abolition de l'esclavage.
On trouve aujourd'hui ce livre publié aux éditions Orphie. Extrait :
« Mon premier geste d'homme libre fut d'attacher mon amulette autour du cou: le sang de mon père mêlé à la terre de Bourbon. J'avais pris soin d'astiquer le cauri et, à mes yeux, il brillait comme un diamant. Je me prosternai et jurai tout haut que jamais plus ce symbole ne serait caché, dussé-je en mourir. J'avais marché toute la nuit depuis que j'avais quitté l'habitation des hauts de Saint-Paul. La terre était douce à mes pieds, et si la forêt était dense, elle se laissait facilement pénétrer. Le chant de Saphime me guidait avec précision. Il suffisait de lever les yeux et de les ouvrir en grand pour retrouver les indices de mon itinéraire, de son itinéraire. »
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